Du 11 avril au 7 septembre 2025
11 quai de Conti, Paris
Tarif plein : 12€
Tarif réduit : 10€ sur présentation de l’exemplaire de la pièce de 10 francs de Georges Mathieu
Tarif Pass Navigo : 10€
Gratuit *
* - 26 ans, min. sociaux, demandeur d'emploi, enseignant, pass éducation, guide conférencier, partenaire
Détail des gratuités
Le billet d'entrée donne accès aux deux expositions Georges Mathieu.
La billetterie groupe est ouverte !
Pour toute demande de visite guidée ou autonome, envoyer un email à : reservations-groupes@monnaiedeparis.fr
Aucun autre artiste que Georges Mathieu (27 janvier 1921 - 10 juin 2012), à aucune époque, n'aura autant marqué l'environnement visuel de ses contemporains : ses images abstraites, devenues un style-signature, se sont en effet incarnées dans des peintures, mais aussi sur tous les supports de la modernité, de l'affiche au générique de télévision, en passant par les médailles et la monnaie. Alors que sa personnalité publique hors-norme fait polémique, Mathieu assure sa place dans la culture populaire.
Cette rétrospective Georges Mathieu est présentée plus de 50 ans après celle qui s'est tenue à l'Hôtel de la Monnaie en 1971. Fruit d'une collaboration entre le Centre Pompidou et la Monnaie de Paris, elle met notamment en regard son œuvre picturale et ses nombreuses créations pour l'institution monétaire, dont la pièce de 10 francs reste la production la plus emblématique.
Chronologique et thématique, le parcours de l'exposition retrace la carrière de Georges Mathieu depuis les années 1940, où il participe à la création d'un expressionisme abstrait international, jusqu'aux années 1990, en faisant une large place au fonds Mathieu du Musée national d'art moderne.
Commissaires d'exposition :
Christian Briend, conservateur général du patrimoine et chef du service des collections modernes du Centre Pompidou
Éric De Chassey, directeur général de l'Institut national d'histoire de l'art (INHA)
Béatrice Coullaré, responsable de la conservation et des collections de la Monnaie de Paris
Dans les années 1940, Georges Mathieu, tout comme le peintre allemand Wols, est un acteur important de l'abstraction informelle, dont le critique Michel Tapié se fait le promoteur. Mathieu développe une « non figuration psychique », mêlant graphisms abstraits et formes organiques sur des fonds chromatiques raffinés. Sa technique distinctive consiste notamment à écraser le tube de couleur directement sur la toile. Cette période dite des « Limbes » évolue vers des signes plus autonomes au début des années 1950.
En mai 1950, la galerie parisienne René Drouin expose les illustrations de Mathieu pour le poème « La Complainte sauvage » d'Emmanuel Looten, ainsi que huit peintures. Cette exposition marque une nouvelle phase dans l'œuvre de Mathieu, caractérisée par des signes autonomes sur des fonds uniformes. Techniquement, l'artiste rehausse de tracés rouges d'épais graphismes noirs. Pour ses titres Mathieu s'inspire désormais d'épisodes méconnus de l'histoire médiévale française, ce qui donne à son art abstrait une dimension figurative paradoxale.
Georges Mathieu a réalisé des peintures monumentales dès les années 1950, combinant abstraction gestuelle et références historiques. Ces œuvres sont emblématiques de ce que l'artiste nomme « abstraction lyrique », qui consiste à mettre l'accent sur l'acte de peindre en suivant des impulsions physiques ou psychiques. Ces peintures sont exécutées dans un temps limité, souvent en public, en privilégiant vitesse d'exécution et prise de risque. Leurs titres puisés dans des épisodes souvent guerriers de l'Ancien Régime font de ces fougueuses compositions des peintures d'histoire d'un nouveau genre.
À partir des années 1950, Georges Mathieu multiplie les expositions internationales, notamment au Japon en 1957 et au Brésil en 1959. Son cosmopolitisime le rend apte à concevoir en 1966 une série d'affiches pour Air France, visant à capturer l'essence des destinations desservies. Pour cela, Mathieu intègre des éléments figuratifs dans ses compositions. Réalisées avec des papiers et encres spéciaux, ces affiches sont présentées au Musée national d'art moderne en 1967 et connaissent une grande diffusion.
L'esthétique et les festes du XVIIe siècle français constituent pour Mathieu une source d'inspiration récurrente. Dans ses « Dix-huit moments de la conscience occidentale », présentés à l'Hôtel de la Monnaie en 1971, trois sont consacrées au siècle de Louis XIV. Certaines peintures rendent hommage à des compositeurs, notamment « Les Nymphes de Diane » qui se réfère à un opéra de Jean-Philippe Rameau. Installée dans l'escalier d'honneur, cette composition monumentale a été conçue pour cet emplacement.
Au début des années 1960, Georges Mathieu adopte une nouvelle manière faisant désormais place à des tracés rectilignes. Jusque dans les années 1970, ce langage plus géométrique fait appel à des graphismes qui peuvent évoquer un univers urbain ou industriel. Cette évocation du progrès technique et industriel des Trente Glorieuses (1945-1975) est celui que Mathieu choisit de symboliser au revers de la pièce de 10 francs frappée en 1974.
Mathieu se livre à plusieurs reprises dans les années 1960 à de drastiques réductions chromatiques. Sous la forme de longs filets sortis du tube, le graphisme blanc sur blanc ne s'accompagne que de quelques discrets aplats de couleurs. Les commandes de la Manufacture nationale de la céramique de Sèvres permettent à Mathieu d'appliquer ce minimalisme sur porcelaine avec des services présentant des filets d'or sur blanc.
Persuadé que « la télévision est un outil prodigieux », Mathieu se préoccupe d'assurer une diffusion maximale de son œuvre en peignant devant les caméras. Dans « Georges Mathieu ou la Fureur d'être de Frédéric Rossif » (1971), Mathieu se prête à une « interview graphique » et à de multiples séances de peinture avec un accompagnement musical du compositeur grec Vangelis. L'artiste crée en 1974 le sigle d'Antenne 2, la deuxième chaîne de télévision, puis il conçoit en 1985 le trophée des 7 d'or, cérémonie qui récompensera jusqu'en 2003 les protagonistes du petit écran.
En 1957, un voyage au Japon confirme l'intérêt de Mathieu pour l'esthétique zen qui l'amène épisodiquement vers une plus grande économie de moyens. En 1964, il illustre le livre de Robert Godet, « Le Judo de l'esprit ». En 1971, on le voit peindre « Karaté » au début du film « Mathieu ou la Fureur d'être ». Cette séquence vient illustrer les notions de risque et de vitesse qui sont au fondement de sa pratique artistique.
À partir des années 1980, Mathieu poursuit son œuvre dans un contexte artistique désormais moins favorable à l'« abstraction lyrique » dont il apparait comme l'ultime représentant. Unique dans son œuvre, « La Libération d'Orléans par Jeanne d'Arc » constitue un étonnant retour à la figuration alors que Mathieu continue à produire des peintures pleinement abstraites. Par leurs titres, poético-psychologiques, celles-ci traduisent une sorte de désenchantement.
Du 11 avril au 7 septembre 2025
En parallèle de l'exposition monographique des salons historiques, La Monnaie de Paris a souhaité montrer les échos de l'œuvre de Georges Mathieu dans les pratiques et les gestes artistiques de l'art urbain, en invitant six artistes du graffiti de plusieurs générations à intervenir in situ (JonOne, Lek & Sowat, Nassyo, Camille Gendron, Matt Zerfa), autour de dessins du peintre que chacune et chacun d'entre eux a sélectionnés. La pratique du « signe-signature », la rapidité d'exécution, les performances en public, les très grands formats sont en effet autant de caractéristiques de la peinture de Mathieu qui ont intéressé ces artistes.
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